L'université de Strasbourg détient le label Bienvenue en France

Marie Korsaka : « Croyez en vous, travaillez dur pour atteindre vos objectifs et ne doutez jamais de vos capacités »

Témoignage - Expérience

Profil concerné :
Chercheur
Date :

Le Dr Marie Korsaka, originaire du Burkina Faso, est actuellement chercheur postdoctoral à l'Observatoire astronomique de Strasbourg (ObAS) et chargée de cours à l'Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ) au Burkina Faso.

Outre ses activités universitaires, elle participe à de nombreux projets visant à promouvoir les femmes dans les études STIM, dans le but de contribuer à une représentation plus équitable des sexes dans le domaine des sciences, en particulier dans les pays en développement.

 

Dr. Marie Korsaga, qui êtes-vous ?

Je m'appelle Dr Marie Korsaga, je suis originaire du Burkina Faso où j'ai effectué mes études de premier cycle à l'Université Joseph Ki-Zerbo et obtenu un Master en Physique en 2013. Ma recherche en Master portait sur l'étude photométrique des naines brunes dans l'optique.

Quel a été votre parcours ?

Après mon Master, j'ai travaillé au Laboratoire d'Astrophysique de Marseille (LAM) en France en tant que stagiaire où j'ai étudié la cinématique des galaxies en utilisant des observations Fabry-Perot, avant de poursuivre un doctorat au LAM conjointement avec l'Université de Cape Town en Afrique du Sud. Ma recherche doctorale s'est concentrée sur l'étude de la distribution de la matière baryonique et de la matière noire dans les galaxies proches. En utilisant des données spectrales et photométriques multi-longueur d'onde de pointe - y compris des observations infrarouges, optiques et HI, nous avons découvert que les relations entre les paramètres du halo de matière noire et les luminosités des galaxies ne sont pas standard comme on le pensait auparavant, mais sont fonction du type morphologique de la galaxie.

Après avoir terminé mon doctorat en 2019, j'ai rejoint le Bureau de l'astronomie pour le développement (OAD) de l'AIU pour une bourse en 2020, au cours de laquelle j'ai effectué des recherches sur la contribution de la communauté scientifique à la lutte contre la pandémie de COVID-19. J'ai publié différents articles de blog sur le sujet, qui sont présentés sur le site officiel de l'AIU-OAD. J'ai également travaillé comme chercheur postdoctoral à l'IAA-CSIC en 2020. Je suis actuellement chercheur postdoctoral à l'Observatoire astronomique de l’Université de Strasbourg (ObAS), et chargée de cours à l'Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ) au Burkina Faso. 

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos travaux de recherche ?

Mes recherches portent sur la répartition de la matière noire et de la matière visible dans les galaxies. Pour simplifier, il faut dire que la matière visible, c'est-à-dire la matière ordinaire composée de protons, de neutrons, d'électrons, de tout ce qui est observable avec nos appareils, ne représente qu'environ 5 % de l'Univers ; le reste est de la matière invisible répartie comme suit : 26 % de matière noire et 68 % d'énergie noire. La matière noire, avec sa force gravitationnelle, est utilisée pour expliquer le fait que les galaxies restent proches les unes des autres, tandis que l'énergie noire fait que l'Univers "s'étend" plus rapidement au fil du temps. On ne peut donc pas parler de compréhension de l'Univers si l'on ne connaît que 5 % de ses constituants. Ainsi, pour comprendre notre Univers, c'est-à-dire pour pouvoir expliquer sa formation et son évolution, il est essentiel de comprendre ce que sont la matière noire et l'énergie noire.

La matière noire, comme son nom l'indique, est quelque chose que l'on ne peut pas voir, même avec les télescopes les plus sophistiqués. Jusqu'à présent, aucune particule de matière noire n'a été détectée ; néanmoins, nous ressentons sa présence grâce à son impact sur la gravité. Le but de mes recherches est d'étudier comment la matière noire est distribuée à l'intérieur des galaxies afin de mieux comprendre la formation et l'évolution des galaxies et de l'Univers en général.

En plus de vos travaux de recherche, il y a une cause qui vous tient particulièrement à cœur. Pouvez-vous nous en parler ?

Outre mes activités universitaires, je participe à de nombreux projets visant à promouvoir les femmes dans les études STIM, dans le but de contribuer à une représentation plus équitable des sexes dans le domaine des sciences, en particulier dans les pays en développement. En reconnaissance de mes travaux de recherche et de mes activités de sensibilisation, j'ai reçu le prix inaugural 2021 du Réseau africain des femmes en astronomie pour le début de ma carrière. Ce prix est pour moi un rappel et une motivation pour chercher à exceller non seulement dans mon domaine de recherche mais aussi dans les actions que j'entreprends pour contribuer à la promotion de la science et en particulier de l'astronomie.

 En tant que première femme titulaire d'un doctorat en astronomie dans toute la région de l'Afrique de l'Ouest, je pense qu'une partie de mon devoir est de contribuer à briser la barrière sociale qui entoure le sujet des femmes dans les sciences. À cette fin, je participe à de nombreux projets scientifiques, j'ai donné plusieurs conférences publiques sur l'astronomie, j'ai visité plusieurs écoles pour parler aux jeunes filles, j'ai participé à plusieurs films documentaires et interviews mettant en lumière et promouvant les femmes dans les sciences.

A cette fin, j'aimerais adresser un message aux jeunes filles : croyez en vous, travaillez dur pour atteindre vos objectifs et ne doutez jamais de vos capacités.

Avez-vous d’autres projets ?

Oui. J'aimerais construire des planétariums dans les régions du Burkina Faso afin de faire des présentations au grand public, de satisfaire la curiosité des enfants pour l'univers et de susciter l'intérêt pour les sciences et les technologies. Je voudrais aussi installer un télescope de recherche qui permettra de développer la recherche en astrophysique au Burkina Faso, de faciliter la formation des étudiants, de tisser des liens avec des chercheurs d'autres pays et de faire progresser le pays et l'Afrique dans le domaine de l'astrophysique.

J'aimerais également travailler à la création d'écoles scientifiques en Afrique, spécialement dédiées aux femmes. Cela encouragerait les filles à entreprendre des études scientifiques et à contribuer au développement du continent.